Comprendre les toilettes sèches ou TLB, toilette à litière biomaîtrisée
Beaucoup, chez les amis de la nature connaissent les TLB mais je remarque que peu en connaissent vraiment les principes de fonctionnement.
La finalité d’une bonne toilette sèche
C'est de reconduire nos déjections dans le processus de formation de l'humus pour le sol. A cette fin, dès leur production, les déjections, riches en azote et phosphore organiques, doivent être mises en contact avec de la cellulose végétale, riche en carbone (copeaux, paille hachée, feuilles sèches par exemple). Ce mélange est réalisé directement dans le seau ou le trou des toilettes sèches. Démarre alors immédiatement le processus de synthèse associant les déjections et les matières végétales.
La maîtrise des odeurs
Une TLB peut prendre sa place à l'intérieur de l'habitation, car bien entretenue et correctement utilisée, elle ne génère pas plus d'odeurs qu'un W-C à chasse. L'odeur des déjections est le résultat des réactions enzymatiques de décomposition qui génèrent des substances odorantes. Ces réactions démarrent spontanément. Elles commencent en fait déjà dans les intestins. Nos déjections (comme celles des animaux) sont composées de molécules de types protéines. On y trouve également des enzymes qui les décomposent, entre autres, en ammoniac, en sulfure d'hydrogène (gaz malodorants), en méthane, en dioxyde de carbone et en eau. Mises en contact – en milieu humide – avec de la cellulose d'origine végétale, les molécules de déjections s'associent avec la cellulose, de telle façon que les enzymes de décomposition n'y ont plus d'accès. La décomposition s'arrête – et les odeurs n'apparaissent plus. Ce processus biochimique porte un nom : inhibition.
Encore une précision de nature biochimique : Les odeurs apparaissent surtout pendant les fermentations anaérobies (en absence d'air). L'ajout de la litière empêche le tassement, apportant donc aussi de l'air. on passe alors dans des conditions aérobies (en présence d'air) où les odeurs n'apparaissent plus.
Mais la réaction d'inhibition ne peut avoir lieu qu'en milieu humide. La présence de l'urine est indispensable à la maîtrise des odeurs. Par ailleurs, chacun peut l'expérimenter: En laissant les selles sur la litière de base, mais sans les couvrir, les odeurs apparaissent immédiatement. On couvre avec un peu de litière. Résultat décevant : les odeurs persistent. Dès que l'on urine sur toute la couverture de litière, le dégagement d'odeur cesse immédiatement. En pulvérisant avec un humidificateur de fleurs, le résultat est le même qu'avec l'urine. C'est donc l’association selles, litière carbonée, air et humidité qui optimise le fonctionnement des toilettes sèches. L'air est suffisamment apporté par la litière et l'humidité par l'urine.
Comme litière, on peut utiliser : des feuilles sèches, de la paille hachée, des copeaux de bois frais ou secs. Mais il est inutile et même néfaste d'en mettre trop. Souvent, on cherche à cacher l'excrément alors qu'une poignée suffit largement.
Les toilettes sèches chez nous
Celle-ci, posée sur la pente, se vide par l'arrière. Les toilettes sèches que vous trouverez chez nous ressemblent un peu aux latrines du fond du jardin qui existaient autrefois. J'ai fait des trous de 1m² et 0,60m de profondeur habillés d'une cabane en bois amovible. Mais la différence, et elle est de taille, c'est l'ajout d'une poignée de copeaux de bois à chaque utilisation, d'où une fermentation aérobie et pas d'odeurs.
Celle-ci est sur traineau, je bouge le traineau pour vider le trou. Le sous-sol, là où les trous des toilettes sont creusés, est argileux. En remplissant le trou avec de l'eau, même après 8 jours, le niveau de l’eau ne descend pas. C'est important pour éviter les infiltrations et ne pas polluer les eaux souterraines. Pour celle qui est près de la maison et que nous utilisons toute l'année, j'ai 2 trous et déplace la cabane de l'un à l'autre environ tous les 6 mois.
Celle-ci se déplace d'un trou à l'autre. Juste avant, je vide le trou, c'est déjà du terreau maillé d'un réseau de fines racines blanches. Je continue le compostage au dessus du sol pendant au moins un an. Il est alors devenu aussi fin que celui que l'on achète en sac. Le trou en cours de compostage et le cordon de compost mûr sont protégés de feuilles mortes.
J'ai fait des toilettes 2 places, une assise, l'autre à la turc. Chacun choisit comme il préfère. Vous pouvez même y aller à 2 si les 2 sont d'accord bien sûr. Les latrines romaines étaient bien collectives et haut lieu de rencontres et de discussions.
Nous avons aussi une TLB à l'intérieur, à la place de l'ancien W C. C'est une boite en bois avec un seau que nous vidons dans les toilettes extérieures.Remarquez la tôle qui évite les écarts hors du seau. Elle permet aux visiteurs trop fragiles pour aller dehors par n'importe quel temps et à n'importe quelle heure de se soulager dans le confort. Il est pourtant beaucoup plus vivifiant de sortir dans la forêt et l'effort est minime.
Pourquoi avons-nous abandonné le W-C et la fosse sceptique ?
C’est en 1987, en pensant préserver la nature, que nous avons installé une fosse septique, avec bacs, drains et regards de visite, le tout bien dans les normes de l'époque. En vingt ans, j'ai dû changer 5 fois le mécanisme de chasse qui s'entartrait et fait vidanger autant de fois la fosse. Nous avons même dû rouvrir les drains que les racines avaient colmatés.
Puis je me suis formé dans l'idée de commencer une entreprise d'installations d'assainissement non collectif. Et là, j'ai appris que le système fosse plus drains ne fonctionnait qu'une fois sur dix. Que le système de filtre à sable se colmatait en dix ans. Que la fosse devait être très bien ventilée vu les quantités produites de méthane, d'ammoniac et d'acide sulfhydrique (qu'on appelle aussi sulfure d'hydrogène). Que la fosse n'avait pratiquement qu'une fonction de liquéfaction. C'est le sol qui, après la diffusion par les drains, traite bien phosphore et potasse, mais beaucoup moins bien l'azote. Les germes pathogènes se retrouvent en concentration très importante sur les 5 premiers mètres de drains or seuls la lumière, le temps et l'air peuvent traiter ces germes. Pendant le fonctionnement de la fosse septique, il se forme un dépôt de boues qui finit par occuper toute la place. D'où la nécessité d'une vidange (par ailleurs obligatoire) tous les quatre ans. Les matières de vidanges (gadoues des fosses septiques) sont soit épandues sur terres, avec leur concentration tellement élevée en matières organiques qu'elles en sont toxiques, soit dépotées en station d'épuration qu'elles perturbent. Dans les bassins de la station d'épuration, les bactéries anaérobies apportées par les gadoues finissent par être tuées par aération forcée et l'épuration peut alors être entamée.
Si on retire le W-C, on peut même se passer de fosse septique.
Le bilan de l'usage d'un W-C à chasse d'eau avec fosse sceptique
On a vu que la fosse sceptique ne traite rien, c'est le sol qui traite. Que la fosse est une unité de production de méthane et d'azote lessivable, concentrant de plus les germes pathogènes. Que la concentration des matières organiques par les vidanges crée une vraie pollution. Et surtout que l'exportation de cette matière organique est une perte grave brisant le cycle de fertilisation des sols. Pour connaître le bilan d'un W-C à chasse d'eau, il faut aussi comptabiliser les milliers de mètres cubes d'eau potable qui passent dans les chasses ? Le poids environnemental de ce système est donc loin d'être négligeable... Certains professionnels en sont conscients, mais l'épuration est la seule technique qui semble être retenue par les pouvoirs publics pour traiter les eaux issues des W-C. En France, l’assainissement non collectif représente 5,1 millions d’installations dont une grande partie est à réhabiliter. Le coût par installation se situe entre 5.000 et 10.000 €. C'est une dépense pour l'usager, mais aussi un chiffre d'affaire pour certaines entreprises. A cela s'ajoute le coût des SPANC (Service Public d’Assainissement Non Collectif ) chargés des contrôles souvent délégués à une entreprise privée. L'intérêt de l'environnement ne semble pas peser lourd devant celui des entreprises...
Utiliser une toilette sèche : c'est protéger l'environnement et ménager votre porte-monnaie
Abandonner l'usage du W-C au profit de celui d'une bonne toilette sèche comme la TLB épargne des dépenses considérables. L'usage en est simple, bien que pour certains, les vidanges de ces toilettes apparaissent comme « une montagne infranchissable ». Un bon conseil : rien ne vaut la visite chez une famille qui gère correctement sa toilette sèche. Nous ne disons pas que « l'essayer, c'est l'adopter », mais on découvre que la gestion de ces toilettes finissent par devenir des gestes quotidiens au même titre que la vaisselle, la lessive, le jardinage ou autres. C'est à peine quelques minutes par jour. En comptant les sommes épargnées en supprimant le W-C, la facture d’eau qui diminue sérieusement, les économies de la non installation de l’épuration et le coût des vidanges, vous pouvez même calculer « le salaire horaire » gagné avec les vidanges de votre toilette sèche.
Mais l'avantage principal est la création d'humus, base de vie, au lieu et place d'une pollution.
Les avantages d'une bonne toilette sèche ne s'arrêtent pas là...
Dès le moment où la famille ne produit plus d'eaux fécales (eaux issues des W-C et des urinoirs), le traitement de ses eaux savonneuses (eaux grises) devient très simple et surtout bon marché. Pour traiter ses eaux grises, en été, la solution la plus simple est l'irrigation des plantes de son jardin avec ces eaux, sans le moindre traitement préalable. Lire à ce sujet le document téléchargeable du site EAUTARCIE, ce lien ouvre une nouvelle page. Au sujet de la valorisation de ses eaux grises dans le jardin, on y lit :« Les familles qui utilisent une bonne toilette sèche et compostent leurs déjections dans le jardin, valorisent leurs eaux grises pour l’irrigation, cessent complètement la pollution des eaux. La totalité des eaux consommées retourne, en plus, dans la nappe phréatique sans la moindre pollution. Au lieu de pénaliser, comme on le fait actuellement, ces familles devraient être citées comme exemples à suivre. »
Pour en savoir plus, lire les pages du site www.eautarcie.org,www.eautarcie.org, ce lien ouvre une nouvelle page.
Merci à M. Joseph Országh pour ses conseils sur la rédaction de cette page.